Je vous parle d’une Ă©poque que les moins de 30 ans connaissent Ă peine.
La musique s’Ă©coutait « unplugged », les gratteux de soirĂ©e chantaient (mal) « Aye ame euh criiiiiiip », on avait des posters « I want to believe » et les dinos de synthèse de Jurassic Park Ă©merveillaient nos rĂ©tines.
Je vous parle de 1993 !
Et LucasArts sortait Day of The Tentacle (« DOTT » pour les intimes)
D’ailleurs de voyage dans le temps, il en est fortement question dans cette perle du point & click dont la version remastered intitulĂ©e Day of the Tentacle Remastered par Double Fine Productions vient de sortir sur PlayStation 4, PlayStation Vita, PC, Mac et Linux.
Day of The Tentacle, suite de Maniac Mansion, narre les aventures temporelles rocambolesques de trois nerds luttant contre la soif de domination mondiale d’un tentacule pourpre mutant.
Il s’agit de sauver 2 héros perdus à différentes époques : Hoagie, le roadie, à l’époque de Georges Washington ainsi que Laverne l’étudiante en médecine dérangée, coincée dans un futur dominé par les tentacules. Bernard, le geek, étant lui resté dans le présent.
Une des mécaniques principales du jeu est de transmettre des objets entre les personnages via les toilettes (oui, oui) temporelles du Docteur Fred (et savant fou à ses heures).
Ainsi pour obtenir du vinaigre, rien de plus simple (hum) que de mettre une bouteille de vin dans une capsule temporelle dans le passé et de la récupérer dans le futur. Le jeu se déroulant dans le même endroit à différentes époque il est amusant de constater l’impact de nos actions dans le futur (comme changer le drapeau américain pour pouvoir faire un déguisement de tentacule).
Techniquement il faut se remettre dans le contexte: Ă sa sortie (cela faisait 2 ans que l’on se remettait du traumatisant changement de nom des Raiders en Twix #Raiders4Ever) il s’agissait du premier jeu LucasArts avec des voix (jouĂ©es par des acteurs professionnels de surcroĂ®t).
L’aspect visuel et l’animation Ă©taient ouvertement inspirĂ©s des Looney Tunes et plaçaient la barre très haut (au moment oĂą Intel sortait ses premiers Pentium).
A tel point que c’était aussi un des fers de lance des jeux sur CD-ROM (qui commençaient à peine à percer, le DVD n’existait pas encore) permettant de stocker toutes ces voix et animations. A l’époque je n’y avais joué que sur disquettes (donc sans les voix).
Pour cette version remastered, Double Fine Productions a re-lifté les graphismes très pixelisés d’origine. Et pour les nostalgiques : la simple pression d’une touche permet de revoir les graphismes originaux (ainsi que l’interface et les musiques) et de se rendre compte du travail fourni. Ça doit être la nostalgie mais les graphismes améliorés me semblent trop lisses, un peu trop semblable à  un jeu Flash.
CotĂ© interface, c’Ă©tait le dernier jeu LucasArts Ă utiliser le système SCUMM, un moteur de jeux point & click novateur Ă l’Ă©poque. Ce système rĂ©servait la moitiĂ© infĂ©rieure de l’Ă©cran Ă des verbes reprĂ©sentants les actions possibles avec les objets du dĂ©cor.
Dans un souci d’amĂ©liorer l’expĂ©rience utilisateur, le vĂ©nĂ©rable SCUMM a Ă©tĂ© remplacĂ© dans Day of the Tentacle Remastered par une roue contextuelle qui se dĂ©clenche sur chaque objet et fait apparaĂ®tre les diverses actions. C’est nettement plus pratique et permet d’avoir le jeu en plein Ă©cran mais ça fait perdre une partie du charme pour les vieux croĂ»tons comme moi. De plus ça rend peut ĂŞtre le jeu plus facile car seul les verbes pertinents apparaissent dans la roue. Mais comme mentionnĂ© ci-dessus une simple pression d’un bouton permet de revenir Ă l’interface originale.
Mais il est même possible de profiter des verbes du système SCUMM avec les graphismes reliftés (best of both worlds !)
La musique du jeu imite les vieux cartoons et colle parfaitement à l’ambiance. Celle-ci a aussi profité d’un upgrade appréciable par rapport à la version Soundblaster d’origine.
Si les voix sont en anglais, il est possible de mettre les sous titres en Français.
Petit bonus, le jeu permet aussi d’écouter des commentaires audio des créateurs originaux à la façon des commentaires pour les films en DVD. Ces commentaires sont traduits en anglais et sont à la fois très amusants et instructifs.
Mais outre sa technique DOTT c’est surtout des situations loufoques pensĂ©es par Dave Grossman et Tim Shaffer (mais Ron Gilbert et Gary Winnick, les crĂ©ateurs de Maniac Mansion ont collaborĂ© sur le planning initial).
C’est un jeu où il faut ramasser du faux vomi, congeler un hamster, ou donner un dentier farceur à Georges Washington. C’est un jeu bourré de références et de gags. On peut même trouver le jeu précédent (Maniac Mansion) entièrement jouable sur un des ordinateurs croisé dans le jeu.
Ce jeu n’a pas pris une ride et cette version remastered est une superbe façon de le découvrir ou le redécouvrir.