Princier
La première fois que j’ai jouĂ© Ă Prince of Persia ce devait ĂŞtre sur l’Apple 2 monochrome d’un voisin Ă moins que ce ne fut sur mon Amstrad CPC 6128 en 1989. L’animation, les pièges vicieux et la mise en scène (comme l’apparition du double malĂ©fique du personnage) Ă©taient hors du commun pour l’époque. Et c’Ă©tait d’autant plus impressionnant que c’était l’Ĺ“uvre d’un seul jeune homme de 25 ans, Jordan Mechner. Je me souviens aussi avoir tentĂ© Prince of Persia 3D et sa camĂ©ra “capricieuse” et du soulagement lors du rachat de la licence par Ubisoft et la sortie de l’excellent Prince of Persia Sands of Time qui relança la sĂ©rie. C’est peu dire que depuis des annĂ©es la licence Ă©tait tombĂ©e en dĂ©suĂ©tude (le dernier Ă©pisode Ă©tait un runner sur mobile, Prince of Persia: Escape 2, sorti en 2022 dans l’indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale). Vous pouvez ainsi constater que je suis vieux mon expĂ©rience pour la licence.

Prince of Persia: The Lost Crown est ce que l’on appelle couramment un metroidvania, un genre de jeu assez codifié en vue 2D vous faisant explorer un labyrinthe dont les passages se débloquent au fur et à mesure de l’obtention de nouvelles compétences.

A la façon de la sĂ©rie Zelda vous n’incarnez pas le prince Ă©ponyme, mais un jeune guerrier intrĂ©pide dĂ©nommĂ© Sargon. Sargon fait partie des Immortels, la garde d’Ă©lite du royaume de Perse. Après avoir une nouvelle fois repoussĂ© l’envahisseur, Sargon et ses compagnons vont devoir retrouver le jeune prince capturĂ© et emmenĂ© sur le mystĂ©rieux Mont Qaf. Rapidement ils vont comprendre que le Mont Qaf est sous le joug d’une Ă©trange malĂ©diction affectant la temporalitĂ©.

Divers ingrédients contribuent à mon sens à un bon metroidvania.
- Il faut d’abord une bonne carte disponible Ă tout moment (oui c’est toi que je regarde Hollow Knight) car on est vite perdu. Et The Lost Crown offre une cartographie très claire avec un avantage sur les concurrents : les Fragment de mĂ©moires, c’est le nom que le jeu donne Ă la possibilitĂ© de prendre une capture d’Ă©cran et l’afficher sur la carte. C’est extrĂŞmement pratique pour se rappeler ou retrouver ce coffre si allĂ©chant pour le moment inaccessible. une excellente idĂ©e qui j’espère se retrouvera dans tous les jeux du genre.

- Ensuite, il faut un système de combat agréable car il y a une indéniable répétitivité à affronter les adversaires à chaque nouvelle pièce traversée. Et pour le coup il est super agréable de manier les sabres de Sargon qui offrent un excellent système de parades, d’esquive, de combos, de lancements aériens etc… parfois dignes d’un Devil May Cry.

- De plus, il faut une progression de personnage agréable. Et encore une fois, ce Prince of Persia offre un système de boost de compétences très abouti grâce à des amulettes trouvées ou achetées. De plus, une déesse pourra forger et réparer vos armes. Et bien sûr votre personnage obtiendra de nouveaux pouvoirs, principalement basés sur le temps, qui vous permettront par la suite d’atteindre d’autres sections du jeu. Ainsi Sargon pourra effectuer un dash aérien ou créer un double temporel.

Mais le dernier point, le plus important c’est qu’un bon metroidvania doit susciter de constantes Ă©piphanies, des subites rĂ©alisations qu’en utilisant cette compĂ©tence nouvellement acquise on pourra dĂ©sormais se rendre Ă cet endroit jusqu’alors inaccessible. Et sur ce point Prince of Persia: The Lost Crown fait un sans-faute. C’est bien simple j’ai l’impression de toujours progresser.

Mais en plus de ces points, The Lost Crown offre une histoire pleine de rebondissements, de trahisons et de mystères qui nous pousse à en savoir plus. On acquiert au fur et à mesure divers artefacts ou recueils qui nous informent de la vie sur cette montagne merveilleuse et son étrange malédiction, le tout imprégné de faits historiques ou de personnages réels apportant plus d’épaisseur à l’histoire.

Le jeu offrira aussi des moments de réflexions où il faudra utiliser ses méninges et les capacités de Sargon pour déverrouiller d’antiques mécanismes. Il y a aussi des sections bourrées de pièges vous demandant de faire preuve d’adresse et de réactivité.

Le jeu est très fluide et réactif, et les contrôles sont intuitifs et précis. La musique correspond toujours à l’ambiance et la version Nintendo Switch est pour une fois à égal niveau avec les versions concurrentes. Les décors sont particulièrement variés et la plupart du temps très colorés. Les concepteurs ont voulu apporter un vent de fraicheur quant au design du héros, certaines séquences des combats de boss ne sont pas sans rappeler l’animation japonaise.
Alors si on doit vraiment trouver des défauts, peut-être faudrait-il évoquer le doublage, pas mauvais en soi, mais qui semble parfois trancher un peu avec l’ambiance. Par ailleurs j’ai trouvé que les boss (et surtout l’un des premiers boss, la chimère) étaient un peu trop retors et représentent un pic de difficulté un peu trop important à mon goût (oui j’ai pesté).

Avec Prince of Persia: The Lost Crown, Ubisoft commence l’année en force offrant tout simplement l’un des meilleurs metroidvania tout en relançant une license qui n’avait plus connu d’épisode majeur depuis 2010.

Le jeu est particulièrement soigné sur tous les points. Une démo est disponible, qui à notre époque est une preuve de la confiance de l’éditeur en son produit.
Le jeu est disponible sur toutes les plateformes, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series, Nintendo Switch et mĂŞme Amazon Luna
Test réalisé à partir d’une version Xbox Series X fournie par l’éditeur.