Premier épisode de la série militaro-FPS d’EA depuis 2021, Battlefield 6 marque un retour aux fondamentaux après les critiques essuyées par Battlefield 2042. Exit les ambitions futuristes et les affrontements à 128 joueurs : BF Studios — regroupant DICE, Ripple Effect Studios, Criterion Games et Motive Studio — joue la carte du recentrage, quitte à faire un pas en arrière.
Battlefield 6 abandonne les projections technologiques audacieuses de son prédécesseur pour une fiction plus terre-à-terre. L’action se déroule en 2027, dans un monde en plein chaos suite à un assassinat retentissant. L’OTAN s’est effondrée, l’Europe s’est retirée, et une société militaire privée surpuissante, la Pax Armata, cherche à tirer profit de la situation. Face à elle, les forces résiduelles de l’OTAN, affaiblies mais résolues, s’organisent pour contenir la menace.
Ce Battlefield 6 marque le retour des affrontements à 64 joueurs, abandonnant ainsi les batailles à 128 participants introduites dans Battlefield 2042. Ce choix fait écho aux retours mitigés des joueurs, nombreux à avoir critiqué le manque de lisibilité, de cohésion d’équipe et de rythme dans les parties à grande échelle.

Au cœur de l’expérience Battlefield 6, on retrouve bien sûr les affrontements multijoueurs, véritable colonne vertébrale du gameplay. BF Studios semble avoir misé sur les fondamentaux, en réintégrant les grands classiques de la guerre totale : Conquête, Percée et Ruée — des modes bien connus des vétérans (un peu trop ?) , mais toujours aussi efficaces.
- Conquête reste le mode emblématique, opposant deux équipes sur de vastes zones à capturer. Chaque objectif contrôlé fait perdre des vies à l’adversaire, en plus des éliminations non réanimées. La victoire repose sur la coordination tactique, la gestion des ressources et le contrôle des points stratégiques.
- Ruée propose une confrontation asymétrique entre attaquants et défenseurs autour de relais à détruire ou protéger. Les attaquants doivent poser des explosifs tout en préservant un nombre limité de vies, tandis que les défenseurs tentent de désamorcer les bombes avec des réapparitions illimitées mais plus lentes.
- Percée mêle infanterie et véhicules dans une lutte sectorielle. Les attaquants doivent capturer tous les points d’un secteur, avec des vies limitées réinitialisées à chaque progression. Les défenseurs, eux, doivent contenir l’avancée ennemie jusqu’à l’épuisement de leurs forces
Ces modes sont rejoints par le nouveau mode Expansion, un mode multijoueur dynamique où deux équipes s’affrontent pour capturer des objectifs répartis sur une zone de combat évolutive. À mesure que les territoires sont conquis, la carte se resserre et l’intensité augmente avec l’arrivée de nouveaux véhicules. La première équipe à contrôler trois territoires remporte la partie.
En complément des affrontements de guerre totale, Battlefield 6 intègre plusieurs modes empruntés aux classiques du FPS compétitif. Match à mort en équipe, Match à mort en escouade, Domination et Roi de la colline offrent un terrain plus resserré, propice à l’action immédiate et aux stratégies tactiques

Comme toujours, les cartes — ces environnements de jeu emblématiques — constituent l’un des piliers de l’expérience Battlefield. Au lancement de Battlefield 6, neuf cartes sont disponibles, avec plusieurs autres prévues après la sortie. Deux nouvelles cartes ont déjà été annoncées pour la Saison 1, tandis que d’autres arriveront courant 2026. Les terrains de jeu proposés couvrent une large diversité géographique : les rues animées du centre du Caire et le chantier monumental de la cité de Sobek en Égypte, les falaises de Gibraltar, les vallées escarpées du Tadjikistan, ou encore les abords du pont de Manhattan à Brooklyn. Les vétérans retrouveront également une carte culte de Battlefield 3 : Opération Tempête de Feu, revisitée pour l’occasion. Fidèle à l’ADN de la série, Battlefield 6 conserve son système de destruction environnementale à grande échelle, permettant aux joueurs de remodeler le champ de bataille en temps réel. Une mécanique toujours aussi spectaculaire, qui ajoute une couche stratégique bienvenue à chaque affrontement.
Côté gameplay, Battlefield 6 introduit un système de combat kinesthésique qui enrichit la mobilité et les options tactiques en plein affrontement. Les joueurs peuvent désormais traîner un coéquipier à couvert tout en le réanimant, se pencher pour observer sans s’exposer, ou effectuer des roulades pour amortir les chutes et éviter les tirs. Le montage d’armes à couvert permet de stabiliser la visée et de réduire le recul, tandis que la fonction Autostop autorise davantage de passagers sur un véhicule, au-delà des sièges disponibles. Autant de nouveautés qui renforcent la fluidité et la réactivité des combats.

Battlefield 6 prend en charge le crossplay, permettant aux joueurs PC, Xbox Series et PS5 de s’affronter dans les mêmes parties. Sur PC, le jeu propose une série de fonctionnalités avancées : affichage en 4K avec taux de rafraîchissement illimités, compatibilité avec Nvidia DLSS 4, Intel XeSS 2 et AMD FSR 4, ainsi qu’un large éventail de réglages graphiques — y compris le support des écrans ultra-larges (clin d’œil à Fabrice). En revanche, le crossplay ne peut pas être désactivé sur PC, ce qui risque de frustrer certains joueurs soucieux d’équilibrer les affrontements (n’est-ce pas Fabrice ?) . À noter que cette option reste disponible sur consoles.

Battlefield 6 repose sur quatre classes principales : Assaut, Ingénieur, Soutien et Éclaireur. Chacune occupe un rôle bien défini : l’Assaut privilégie le combat rapproché, l’Ingénieur se spécialise dans la destruction et la réparation de véhicules, le Soutien assure le ravitaillement et la défense, tandis que l’Éclaireur excelle dans la reconnaissance et les éliminations à distance. Les équipements, gadgets et spécialisations varient selon la classe, favorisant une complémentarité tactique en escouade. Si le système impose des limites claires à chaque rôle, il laisse néanmoins à tous les joueurs l’accès à l’autre grande spécialité de la série : les véhicules. Battlefield 6 déploie un arsenal varié, terrestre et aérien, réparti entre les factions OTAN et Pax Armata. Quads, transports légers, blindés d’infanterie, chars de combat, véhicules antiaériens : chaque engin possède ses propres capacités offensives, défensives et de mobilité. Dans les airs, hélicoptères d’attaque, avions d’assaut et chasseurs viennent compléter l’éventail. Et comme toujours, il y aura ce joueur fraîchement débarqué qui, au lieu de semer le chaos, finira encastré dans un mur dès le démarrage — Battlefield ne serait pas Battlefield sans lui.
Battlefield 6 propose également une campagne solo — une rareté dans la série — qui mise sur le spectaculaire à grand renfort de séquences explosives et de mise en scène hollywoodienne. Mais derrière ce vernis, le récit s’embourbe dans une géopolitique floue et maladroite, tentant d’exalter les forces occidentales sans jamais nommer clairement l’ennemi. Le terme “OTAN” est utilisé comme cache-misère narratif, et l’ensemble peine à dépasser les clichés éculés du film de guerre, entre glorification militaire et neutralité diplomatique forcée. Pour ne rien arranger, j’ai même rencontré quelques bugs en cours de partie.

Battlefield Portal est de retour et c’est un immense bac à sable créatif qui offre aux joueurs une liberté quasi totale pour concevoir leurs propres modes de jeu. Entre scripts personnalisés, interface sur mesure et objets modifiables, tout est pensé pour repousser les limites du gameplay traditionnel. Dès les premières créations, on découvre des variantes inspirées de Space Invaders, des modes zombies, ou encore des affrontements sur des cartes légendaires issues d’autres licences — preuve que la communauté n’a pas tardé à s’emparer de l’outil avec inventivité.
À noter qu’au lancement, Battlefield 6 ne propose que très peu de contenus cosmétiques à l’achat : pas de skins, ni d’objets supplémentaires — du moins pour l’instant. L’arrivée de la Saison 1 devrait rapidement combler ce vide, avec une première mise à jour gratuite prévue le 28 octobre 2025. Celle-ci introduira de nouvelles cartes, armes et modes de jeu. La Saison 1 se déploiera en plusieurs phases : – Résistance californienne, dès le 18 novembre, se concentrera sur la libération de la Californie du Sud. – Offensive hivernale, à partir du 9 décembre, plongera les escouades dans un affrontement glacial, avec une Empire State en train de geler au fil des mises à jour.Par ailleurs, un mode battle royale est en préparation, avec l’ambition affichée de concurrencer Call of Duty: Warzone. Cette roadmap claire et bien structurée vise à éviter les frustrations rencontrées lors du lancement de Battlefield 2042, en assurant un suivi régulier et des ajouts de contenu anticipés.

Avec Battlefield 6, EA et BF Studios signent un retour aux fondamentaux, en corrigeant plusieurs des errements de Battlefield 2042. Le recentrage sur des affrontements à 64 joueurs, la réintroduction des classes, et la remise en avant des modes classiques offrent une base solide et familière. Si la campagne solo peine à convaincre, le multijoueur conserve son efficacité, et Portal ouvre des perspectives créatives enthousiasmantes. Battlefield 6 ne révolutionne pas la formule, mais il la stabilise avec sérieux — et parfois, c’est exactement ce dont une série a besoin pour repartir sur de bonnes bases.
Battlefield 6 est disponible sur PlayStation5, Xbox Series X|S et PC (Steam, EA app, Epic Games Store)
Test réalisé à partir d’une version Xbox Series fournie par l’éditeur.