Dans l’ombre de la chauve-souris.Â
DĂ©veloppĂ© par le studio canadien de Warner Bros, WB Games MontrĂ©al, Gotham Knights commence très fort par une intro dramatique voyant Batman et Ra’s al Ghul s’affronter Ă mort. EndeuillĂ©e, la bat family, ces jeunes que Bruce Wayne avait pris sous son aile et formĂ© au mĂ©tier de justicier, vont se ressouder pour dĂ©fendre Gotham en l’absence de son chevalier noir. Et ce faisant, ils dĂ©couvriront une conspiration qui va bien plus loin que tout ce qu’ils avaient dĂ» affronter jusque-lĂ .

Gotham Knights est un jeu d’action aventure à la troisième qui reprend le principe de la série Batman Arkham, d’ailleurs WB Games Montréal avait réalisé le 3e volet, Batman: Arkham Origins. Néanmoins la formule a été grandement modifiée pour le meilleur et parfois le pire.
Bat patrouille
Le jeu vous permet d’incarner au choix (et il est possible de changer en cours de jeu) l’un des quatre hĂ©ros Ă savoir Nightwing (aka Dick Grayson, le Robin original), Red Hood (Jason Todd, le deuxième Robin), Batgirl (Barbara Gordon) et enfin Robin (c’est Ă dire Tim Drake, le 3e Robin). Oui je sais ça fait beaucoup de Robin, et il en manque. D’ailleurs l’absence de Damian Wayne est un peu dĂ©cevante, possiblement un DLC? Le choix de votre hĂ©ros ne sera pas anodin. Time Drake sera plus discret et agile, quand Red Hood sera beaucoup plus fort en combat.

La grande nouveautĂ©, le KSP (le key selling point) du titre est indĂ©niablement son mode coopĂ©ratif assez rare dans ce type de jeu permettant de jouer l’aventure en duo en ligne. Ainsi un ami ou un joueur trouvĂ© via le matchmaking peut rejoindre et quitter votre partie Ă tout moment et vivre l’aventure avec vous. Cela fonctionne plutĂ´t bien et je n’ai pas eu de soucis malgrĂ© un test effectuĂ© sur une connexion internet assez mĂ©diocre. Un mode “Assaut hĂ©roĂŻque” permettra mĂŞme Ă 4 joueurs de vivre l’aventure ensemble, celui-ci est prĂ©vu pour fin novembre 2022. L’implĂ©mentation de ce mode coop est particulièrement bien pensĂ©e incluant par exemple des capacitĂ©s en coopĂ©ration telles qu’un coĂ©quipier de renfort ou le marquage d’ennemis. En outre l’expĂ©rience, le loot et la progression de l’histoire peuvent Ă©galement ĂŞtre transfĂ©rĂ©s d’une partie en coopĂ©ration Ă une partie solo et vice-versa.

Le jeu s’articule sur le principe de patrouilles. En effet, vos héros agissent à la faveur de la nuit et chaque session alterne patrouille dans la ville et des moments plus calmes où ils se réunissent dans leur repaire secret, le Beffroi. Dans ce quartier général du centre-ville, le joueur pourra changer de personnage, préparer la prochaine mission, modifier son costume, gérer son équipement, ou converser avec Alfred, le plus célèbre des majordomes.

En quittant le beffroi, le joueur dĂ©bute ainsi une patrouille et peut poursuivre l’intrigue principale et les missions annexes ou tout simplement explorer le monde ouvert. Notre hĂ©ros se dĂ©placera de toit en toit en utilisant son grappin (qui peut s’accrocher vraiment très loin), mais en dĂ©bloquant des compĂ©tences il pourra aussi planer/voler (avec sa cape ou un planeur suivant le personnage). Sur route nos justiciers utilisent la Batcycle, une moto assez fun et un peu plus prĂ©cise Ă conduire que d’autres vĂ©hicules de jeux en monde ouvert de la concurrence.

En bon RPG, Gotham Knights permettra au joueur réalisant certaines actions d’obtenir des points de compétences et débloquer d’autres aptitudes, attention à les utiliser à bon escient car ces points sont assez rares. On pourra aussi gagner de nombreux costumes (64 répartis en 16 ensembles) pour vos héros qui sont assez classes, d’autant que certains ont été réalisés par Jim Lee lui-même.
Comme dans les jeux Batman Arkham vous serez amenĂ© Ă utiliser vos talents de dĂ©tective en examinant les indices et en les combinant pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ©, et j’ai trouvĂ© cette phase mieux rĂ©ussi dans Gotham Knights. Par contre les phases d’infiltrations sont beaucoup plus anecdotiques et optionnelles dans ce jeu que dans ses prĂ©dĂ©cesseurs.

La ville de Gotham est divisĂ©e en 5 quartiers et celle-ci est particulièrement dĂ©taillĂ©e avec des immeubles ayant chacun une architecture unique, Ă©clairĂ©s par des nĂ©ons colorĂ©s Ă travers la brume. Comme tous les jeux de ce type, vous serez encouragĂ©s Ă explorer pour aiguiser votre collectionnite. Ainsi il faudra retrouver des batarangs cachĂ©s ou des street arts. Le jeu offre des missions secondaires scĂ©narisĂ©es autour de vilains bien connus de l’univers tels que Mr Freeze, Harley Quinn ou Gueule d’argile. Vous pourrez aussi affronter les diffĂ©rents criminels parsemant la ville. Mais l’intrigue principale concerne la mystĂ©rieuse Cour des Hiboux, sociĂ©tĂ© secrète nichĂ©e au cĹ“ur de Gotham. L’histoire s’inspire du fameux cross-over de Scott Snyder paru dans les comics en 2012. Cette organisation de l’ombre comptant parmi ses membres certaines des plus riches familles de Gotham a usĂ© de son influence pour contrĂ´ler la ville depuis des siècles, recourant Ă des assassins surentraĂ®nĂ©s appelĂ©s Ergots. L’histoire principale Ă©talĂ©e en 8 chapitres devrait vous tenir en haleine une quinzaine d’heures.

Le principal reproche du jeu que j’aurai à formuler concerne les incessants retours au beffroi, en effet vous devrez y retourner à intervalle régulier pour pouvoir faire progresser l’intrigue. Un autre regret concerne la complexité peut être inutile de certaines mécaniques de jeu, comme ce système de crafting qui semble bien stérile à part permettre la création de mods octroyant quelques bonus. Enfin les combats, si ils sont superbement orchestrés et animés sont un peu moins intéressants depuis la perte de la possibilité de contrer les attaques dont disposait Batman dans les précédents épisodes.

Peu de temps avant la sortie, les joueurs ont dĂ©couvert que le jeu serait limitĂ© Ă une frĂ©quence d’image de 30 FPS. Cela dĂ©clencha une vague de dĂ©ceptions chez certains joueurs de consoles next-gen habituĂ©s Ă ce que les titres AAA offrent un mode performance Ă 60 FPS, c’est Ă dire plus fluide. Les dĂ©veloppeurs ont expliquĂ© que le monde ouvert dĂ©taillĂ© et le fait de pouvoir jouer en coop ne permettait pas d’offrir cette option. En pratique, cela n’empĂŞche pas de jouer et peu de joueurs verront une rĂ©elle diffĂ©rence. A noter par ailleurs que je n’ai eu aucun bug, ce qui est rare Ă la sortie d’un jeu en monde ouvert.

J’attire votre attention sur le fait que l’histoire du jeu demande une sĂ©vère connaissance de l’univers du chevalier noir. Par exemple, il est constamment fait rĂ©fĂ©rence Ă un Ă©vĂ©nement marquant du passĂ© de Red Hood sans que celui-ci ne soit clairement expliquĂ©. Les geeks comics savent bien sĂ»r qu’il s’agit de la mort de Jason Todd dĂ©crite dans « A Death in the Family », mais cela ne sera pas le cas de tout le monde et le jeu fourmille de telles rĂ©fĂ©rences. Un plaisir pour les fans, mais peut ĂŞtre une barrière pour les autres.

Gotham Knight permet de dĂ©couvrir d’autres personnages de l’univers du chevalier noir et de vivre une histoire plus en lien avec les comics rĂ©cents que les sempiternels affrontements contre le Joker auxquels nous ont habituĂ©s les jeux estampillĂ©s Batman. De plus, il permet de le faire entre amis ce que n’offre pas la concurrence. Dommage que quelques Ă©lĂ©ments de la sĂ©rie se soient perdus en cours de route.Â
Gotham Knights est disponible sur PS5, Xbox Series et PC.
Test réalisé à partir d’une version Xbox Series X fournie par l’éditeur.