Obsidian revient avec la suite de son RPG spatial satirique, lancé en 2019 avec The Outer Worlds, un titre qui avait laissé une impression favorable et s’était vu prolongé par quelques DLC. Le studio, à qui l’on doit des classiques comme Neverwinter Nights 2, Fallout: New Vegas ou la série des Pillars of Eternity, poursuit ici son incursion dans un univers de science-fiction alternatif où Roosevelt n’a jamais été élu, laissant le champ libre aux mégacorporations pour étendre leur emprise sur la galaxie.
Ce second opus nous emmène dans le système d’Arcadia, une colonie instable déchirée par une guerre de factions. Le joueur incarne un agent du Directoir terrien, chargé d’enquêter sur l’origine de mystérieuses failles spatio-temporelles, potentiellement liées aux moteurs de saut utilisés pour voyager à travers les systèmes stellaires. Le destin d’Arcadia — et peut-être celui de l’humanité tout entière — repose sur vos décisions.

Posons les bases : dire que The Outer Worlds 2 évoque Fallout version Bethesda relève de la litote. Les deux titres partagent un ADN commun de RPG à la première personne, intègrent un système de combat permettant de manipuler le temps, s’adonnent à une satire mordante de la culture américaine, et offrent une liberté d’approche notable dans la résolution des situations.Même leur mascotte respective semble sortie du même moule : Pip-Boy pour Fallout, Moon Man pour The Outer Worlds, tous deux figures cyniques d’un marketing dystopique.

L’histoire s’articule autour d’une quête de vengeance : notre protagoniste cherche à retrouver l’agent qui l’a trahi et plongé dans un sommeil cryogénique de neuf ans. Dès son arrivée sur Paradise Island, le joueur découvre une planète fracturée entre deux puissances antagonistes : d’un côté, le Protectorat, régime autoritaire teinté de collectivisme, de l’autre, Auntie’s Choice, mégacorporation invasive dont l’emprise s’étend insidieusement. Pris entre idéologies rigides, manipulations politiques et intérêts divergents, il devra composer avec un échiquier complexe. La troisième faction majeure, l’Ordre des Ascendants, se distingue par sa quête mystique de l’équation universelle, évoquant les dérives rationalistes de la psychohistoire chère à Asimov. Autour de ce trio, plusieurs groupes secondaires — comme la Direction terrestre ou le Culte de la Faille — viennent densifier la narration, apportant des contrepoints discrets mais essentiels à l’intrigue.

Dans The Outer Worlds 2, le joueur devra composer avec les exigences parfois contradictoires des différentes factions pour progresser vers son objectif. Chaque groupe propose ses propres quêtes, ses propres intérêts, et parfois des dilemmes aux conséquences lourdes : il vous faudra par exemple décider quelle ville sacrifier face à un adversaire devenu incontrôlable. Ce système de choix narratifs ne se limite pas à la morale : il influe aussi sur les chemins disponibles. Accomplir les missions d’une faction pourra débloquer un accès direct vers votre but, tandis qu’une autre vous offrira un bouclier permettant de traverser une zone toxique autrement infranchissable. Cette multiplicité d’approches renforce la rejouabilité et donne au joueur une réelle sensation de liberté. Mais vos décisions ne donnent pas toujours l’impression qu’il existe un « bon » choix : il faudra souvent sacrifier quelque chose pour obtenir autre chose

Les quêtes secondaires sont vivement encouragées, et pour cause : souvent bien écrites, drôles ou surprenantes, elles offrent non seulement un éclairage supplémentaire sur l’univers du jeu, mais aussi des récompenses concrètes. Meilleur équipement, accès à des itinéraires alternatifs ou solutions plus subtiles pour progresser dans la quête principale — ignorer ces missions serait se priver d’une partie essentielle de l’expérience.
Heureusement, vous ne partez pas seul. Dès les premières heures, deux compagnons vous rejoignent : Niles, jeune agent idéaliste devenu plus sombre après votre réveil de cryogénie, et Val, un mécha au tempérament pragmatique et aux compétences bien utiles. Par la suite, d’autres alliés pourront être recrutés, chacun doté de sa propre histoire, de ses objectifs et de ses dilemmes. Libre à vous de les aider, de les manipuler ou de les sacrifier : vos choix influencent leur destin.

Comme tout bon RPG qui se respecte, The Outer Worlds 2 vous permet de récupérer une foule d’équipements et d’objets au fil de votre exploration — ou de les subtiliser, à vos risques et périls. Pour affronter les nombreux dangers d’Arcadia, vous aurez accès à un arsenal varié : armes de mêlée à une ou deux mains, pistolets, fusils de précision, armes lourdes… et bien d’autres encore. Chaque pièce d’équipement peut être trouvée, achetée ou fabriquée, avec des statistiques propres qui influencent directement votre façon de jouer.

De plus, The Outer Worlds 2 introduit un système de gadgets offrant des capacités uniques comme ralentir le temps, voir à travers les murs ou créer des boucliers temporaires. Chaque gadget consomme de l’énergie et peut être intégré à différents styles de jeu.
The Outer Worlds 2 déploie son univers sur plusieurs planètes du système Arcadia, chacune prenant la forme de vastes zones semi-ouvertes. Si le jeu n’embrasse pas pleinement le concept d’open world, il en épouse suffisamment les contours pour offrir une véritable sensation de liberté dans l’exploration. Sur le plan artistique, les environnements se distinguent par leur palette colorée et leur souci du détail, même si l’ensemble reste en deçà des standards visuels des derniers blockbusters AAA.

Côté confort de jeu, on appréciera la possibilité de sauvegarder à peu près n’importe quand — hors combat — et sans aucune limite de slots. Un choix bienvenu pour un RPG qui mise sur la liberté d’approche et les embranchements narratifs. Le titre propose également plusieurs niveaux de difficulté, permettant à chacun d’adapter l’expérience selon ses envies : défi tactique ou simple immersion narrative

Pas d’inquiétude si vous n’avez pas touché au premier The Outer Worlds : ce second opus se déroule dans le même univers, mais met en scène de nouveaux personnages et une intrigue totalement indépendante. Aucune connaissance préalable n’est requise pour s’y plonger — et pour ma part, j’y ai passé un moment franchement agréable.

Sans bouleverser les codes du genre, The Outer Worlds 2 confirme qu’Obsidian maîtrise toujours l’art délicat de conjuguer satire mordante, narration à embranchements et gameplay souple dans un univers aussi absurde que cohérent. Plus vaste, plus dense et mieux rythmé que son prédécesseur, ce second opus peaufine la formule sans jamais la trahir, offrant aux joueurs un terrain de jeu fertile en dilemmes moraux, en expérimentations tactiques et en choix narratifs aux conséquences tangibles. Disponible sur Xbox Series, PS5 et PC.
Article réalisé à partir d’une version Xbox Series fournie par l’éditeur.
