Le ninja revient en force dans le paysage vidéoludique. Après l’incursion d’Assassin’s Creed dans l’univers des shinobis, l’excellent Shinobi: Art of Vengeance, le solide Ninja Gaiden: Ragebound et le remake de Ninja Gaiden 2 Black, c’est au tour d’un nouvel épisode canonique de faire son entrée : Ninja Gaiden 4, digne héritier de la série reine des lanceurs de shurikens.
La saga Ninja Gaiden, signée Koei Tecmo, s’impose comme l’une des grandes épopées du jeu vidéo des années 80. Le tout premier opus, connu en Europe sous le nom de Shadow Warrior, mettait en scène le charismatique Ryu Hayabusa. Véritable icône des salles d’arcade, le jeu a rapidement conquis les joueurs du monde entier, s’offrant une multitude d’adaptations sur consoles et ordinateurs. Ce succès a donné naissance à une série de suites qui ont solidifié la réputation de la franchise dans le panthéon du jeu d’action.

En 2004, Ninja Gaiden opère un retour fracassant sur Xbox, dans une version entièrement repensée en 3D. Ce remake, développé par la Team Ninja de Tecmo, s’inscrit dans la stratégie de Microsoft visant à séduire le public japonais avec sa console américaine. À la tête du projet, Tomonobu Itagaki — récemment disparu — impose sa vision audacieuse. Déjà auréolé de succès grâce à la série Dead or Alive, il avait réintroduit Ryu Hayabusa dans le roster du célèbre jeu de combat, lui offrant une seconde jeunesse avant de le propulser à nouveau sur le devant de la scène. Le remake s’est imposé comme l’un des meilleurs titres de la console, suivi d’une suite en 2008 qui confirmait la qualité de la série. En revanche, le troisième volet sorti en 2012 n’a pas su convaincre le public.

Publié par Xbox Game Studios et disponible dès le premier jour sur Game Pass, Ninja Gaiden 4 est co-développé par la Team Ninja et PlatinumGames, studio derrière des chefs-d’œuvre du jeu d’action tels que Bayonetta, NieR: Automata ou Vanquish. L’histoire reprend peu après les événements du troisième épisode : le Dragon Noir a été vaincu, mais sa carcasse a ravagé Tokyo, attirant une horde de créatures démoniaques. Le protagoniste de ce nouvel opus n’est autre que Yakumo, membre du clan des Corbeaux, qui affiche une rivalité assumée avec Ryu Hayabusa. Sa mission : retrouver une prêtresse liée au carnage de Tokyo. Celle-ci lui révèle qu’un rituel doit être accompli pour éliminer définitivement le Dragon Noir. Yakumo est un combattant plus jeune que Ryu Hayabusa, mais tout aussi redoutable. Son style est plus agressif, plus viscéral, avec une gestuelle inspirée du corbeau — son animal totem — qui se reflète dans ses attaques et sa posture.

Toujours fidèle à l’ADN de la série, Ninja Gaiden 4 propose un hack & slash ultra rapide et nerveux. Le savoir-faire de PlatinumGames sublime un gameplay déjà bien rodé. Parmi les nouveautés marquantes, Yakumo peut activer à tout moment sa forme de corbeau sanglant, via une attaque en maintenant la gâchette gauche. Cette transformation permet de briser les défenses ennemies et d’exécuter des attaques plus destructrices. La jauge se remplit en enchaînant les coups dans leur forme de base et les démembrements. Les combats conservent leur brutalité légendaire : finishers spectaculaires, animations sanglantes et démembrements sont au rendez-vous, dans la droite lignée de la version 3D initiée en 2004.
Certains ennemis vaincus laissent derrière eux des orbes d’Essence de Sang. Ces sphères écarlates permettent de restaurer la santé du personnage, mais peuvent également être utilisées pour charger les redoutables Ultimate Techniques. Selon le contexte, le joueur devra faire un choix stratégique : récupérer une portion de vie précieuse pour survivre à l’assaut, ou sacrifier cette régénération pour libérer une attaque ultime dévastatrice capable de renverser le cours du combat.

Les développeurs ont vraiment préservé la fluidité emblématique de la série. Les animations sont conçues pour enchaîner les coups sans interruption, avec une réactivité accrue aux commandes. Le système repose sur une logique de combo libre, permettant au joueur de tisser ses propres enchaînements en fonction de la situation. Le système de contre a été affiné : une parade bien timée permet non seulement de bloquer une attaque, mais aussi de déclencher une riposte spectaculaire. Yakumo peut également enclencher un mode berserk en appuyant sur les deux sticks, décuplant sa vitesse et sa puissance pendant un court laps de temps.
Les niveaux de Ninja Gaiden 4 adoptent une structure linéaire, mais de nombreux passages secrets viennent enrichir l’exploration en offrant des bonus et des éléments de mission additionnels. Yumi, votre « geek dans le fauteuil », vous confiera des objectifs secondaires via des terminaux dissimulés dans des autels répartis tout au long de l’aventure. Ces missions, généralement simples, consistent à éliminer un certain nombre de créatures ou à retrouver un objet caché. Leur accomplissement vous octroiera des récompenses utiles. À proximité de chaque autel, un corbeau vous permettra d’invoquer un maître ninja, lequel vous enseignera de nouvelles techniques de combat. Vous pourrez également débloquer des compétences d’armes inédites, renforçant ainsi votre arsenal.

À tout moment, le mode entraînement est accessible pour tester l’ensemble des techniques et compétences disponibles — et elles sont nombreuses. Ce système de progression, à la fois souple et stratégique, confère à Ninja Gaiden 4 une vraie profondeur, mêlant montée en puissance et personnalisation du style de jeu.
Les combats de boss bénéficient d’une mise en scène particulièrement soignée. Chaque affrontement est pensé comme un climax, avec des patterns variés, des phases spectaculaires et une vraie tension.
Quelques phases de plateforme viennent rythmer l’action et apporter une touche de variété au gameplay. À certains moments, vous devrez guider Yakumo dans des séquences spectaculaires où il grindera sur d’immenses rails métalliques ou planera à travers les rafales grâce à son aile volante, offrant des respirations dynamiques entre deux affrontements sanglants.
Au fil de son périple, Yakumo sera épaulé par Yumi et d’autres membres du clan des Corbeaux. Et que les fans de Ryu se rassurent : le légendaire Hayabusa sera bel et bien jouable à un certain moment de l’épisode, dans une séquence qui promet d’être mémorable.

Le premier Ninja Gaiden de 2004, était réputé pour sa difficulté redoutable, imposée dès le mode par défaut. Ce nouvel épisode propose une approche plus équilibrée : le mode normal offre une courbe d’apprentissage satisfaisante, exigeante sans être décourageante. Pour les joueurs moins familiers avec la série, le mode Héros constitue une porte d’entrée idéale. Ce dernier active automatiquement des aides au combat, telles que la garde et l’esquive assistées, permettant de s’initier aux mécaniques sans subir une pression excessive. Il sert ainsi de tremplin vers les niveaux de difficulté supérieurs, tout en préservant l’intensité des affrontements.Ninja Gaiden 4 encourage l’expérimentation : entre les combos aériens, les contres précis et les techniques d’exécution, chaque affrontement devient une danse macabre, exigeante mais grisante.

Ce nouvel opus réussit à moderniser la formule sans la dénaturer. Il s’impose comme un retour en grâce pour une licence culte, porté par une direction artistique inspirée, un gameplay affûté et une narration plus ambitieuse. Un hommage sanglant aux fans de la première heure, et une porte d’entrée idéale pour les nouveaux venus.
Ninja Gaiden 4 est disponible sur Xbox , PS5 et PC
Test réalisé à partir d’une version Xbox fournie par l’éditeur.