Il s’agit du premier épisode de la série dirigée par le studio bordelais du géant français du jeu vidéo.
D’ailleurs, Assassin’s Creed Mirage est le premier jeu du studio d’Ubisoft Bordeaux, inauguré en 2017 par une poignée de vétérans d’Ubisoft, et comptant désormais plus de 420 talents issus de 20 nationalités différentes. Le studio est aussi co-développeur sur Beyond Good & Evil 2 (annoncé en 2008).
Dans Assassin’s Creed Mirage, vous incarnez Basim Ibn Is’Haq, un jeune voleur des rues de Bagdad au IXe siècle durant l‘âge d’or des Abbassides, la dynastie qui régna sur le califat abbasside de 750 EC jusqu’à la chute de Bagdad en 1258 EC. Dans le contexte de la série, le jeu se déroule 10 ans avant Assassin’s Creed Valhalla, le dernier épisode en date et 310 ans avant le premier épisode de la série. Basim a d’abord été aperçu dans Valhalla. Cet épisode de la saga nous fera vivre le parcours de Basim au sein de “ceux que l’on ne voit pas”, ce clan (fondé en 47 AEC par Bayek le protagoniste d’Assassin’s Creed Origins) que l’on appellera par la suite la Confrérie des Assassins à partir du premier épisode de la série qui se déroule en 1176 EC.
Pour ceux qui ne connaissent pas (l’immense et tortueux) lore de la série, “ceux que l’on ne voit pas” ont pour but de lutter contre l’Ordre des Anciens (qui deviendra ensuite l’Ordre des Templiers). Les deux factions se battent pour contrôler des reliques d’une ancienne civilisation très avancée et disparue ayant inspiré nos mythes et légendes.
Assassin’s Creed Mirage offre une progression linéaire de l’histoire (à part 3 arcs pouvant être joués dans n’importe quel ordre) qui verra Basim passer d’apprenti à maître de l’ordre.
Comme toujours dans la série, les développeurs ont porté un grand soin à rendre le jeu crédible historiquement (sans que cela soit l’objectif principal, on trouve toujours de nombreux anachronismes). Le dépaysement est total dans ce Bagdad coloré et vivant. Et surtout pour donner plus d’authenticité à l’expérience il est possible de jouer avec des voix en arabe (avec la possibilité de garder des sous-titres dans une autre langue). Selon les échos que j’ai pu en avoir, il semble que cela ait été traité avec soin.
Assassin’s Creed Mirage renoue clairement avec l’esprit des premiers épisodes de la série, avec un open world un peu plus restreint et un gameplay beaucoup plus concentré sur l’infiltration. Si les combats sont possibles, ils seront toujours la solution de dernier recours à l’issue incertaine.
On retrouve beaucoup de mécaniques connues de la série. Ainsi Basim dispose d’une vision d’aigle, sorte de 6e sens permettant de repérer les ennemis, les trésors ou des clés. Cette capacité était déjà présente dans le premier épisode de 2007. Mais Basim peut aussi envoyer son aigle, Enkidu, en reconnaissance aérienne pour marquer les adversaires ou repérer des entrées.
Votre personnage, pour financer sa juste cause, pourra se permettre des écarts à la morale et détrousser les passants pour récupérer dinars, ressources et jetons. Ces jetons ont divers usages, principalement baisser le prix de marchands, soudoyer divers groupes ou baisser votre niveau de recherche. En effet vos actions criminelles peuvent avoir des conséquences et augmenter votre niveau de notoriété jusqu’à 3 niveaux, jusqu’à devenir la cible d’un chasseur qui vous traquera, façon mercenaire d’Assassin’s Creed Odyssey. Heureusement il sera possible de baisser la vigilance des gardes en déchirant les avis de recherches.
Basim comme tout membre de l’ordre est particulièrement agile et pourra se permettre de grimper partout et de se mouvoir comme un adepte de parkour. Nouveauté dans cet épisode, Basim a droit a une capacité spécifique appelée le focus de l’assassin, lui permettant de se téléporter/déplacer immédiatement pour assassiner une voire plusieurs cibles d’affilée, ce qui facilite parfois beaucoup le jeu (qui a dit capacité cheatée ?)
Le jeu dispose d’un aspect RPG allégé, avec un arbre de compétences à débloquer assez court avec seulement trois branches et la possibilité de changer son équipement et son apparence. Votre héros pourra utiliser divers gadgets pour mener à bien ses infiltrations: couteaux de lancer, sarbacanes, bombes fumigènes, …
Parmi les regrets, je pense que le parkour n’est pas toujours parfait et on manque parfois un saut au mauvais moment car l’enchaînement n’est pas toujours aussi fluide qu’espéré. Mais c’est surtout l’aspect graphique qui se révèle un peu plus grossier de près (mais le jeu reste splendide quand on prend un peu de hauteur), le moteur semble vieillissant pour les consoles de nouvelles générations PS5 et Xbox Series. Enfin, l’histoire de vengeance est un peu convenue pour la série. Cet épisode, initialement pensé comme un DLC pour Valhalla, se veut de l’aveu même des développeurs comment un épisode de transition en attendant la sortie des énigmatiques projets Infinity, Red, Hexe, et Jade.
Si certains seront déçus de la durée de vie du jeu, l’idée de pouvoir voir la fin d’un jeu en une vingtaine d’heures est clairement un avantage à mon sens, et d’ailleurs Ubisoft a adapté le prix du jeu en conséquence. De plus, le jeu permet à tous de commencer la série sans s’y sentir perdu (même si les fanas de la série y trouveront moult références). Les plus nostalgiques pourront même activer un filtre de lumière bleue pour retrouver l’apparence du premier jeu de la série.
Ce retour aux sources est rafraîchissant, on appréciera d’avoir à nouveau à considérer toutes les options pour pouvoir s’infiltrer d’une forteresse lourdement gardée et d’utiliser les ombres et l’environnement. Un excellent moyen pour les nouveaux venus de commencer la série et une madeleine de Proust pour les plus anciens.
Assassin’s Creed Mirage est disponible sur PC, Xbox One/Series, Playstation 4/5 et Luna.
NDLR: impossible de ne pas évoquer les gardes à vue de 5 cadres d’Ubisoft, la veille de la sortie du jeu, suite à des plaintes concernant un système de harcèlement et d’agressions sexuelles au sein du groupe. On regrettera que cela se produise plusieurs années après les faits et le dépôt des plaintes. Nous espérons que les plaignants aient enfin gain de cause et que le système managérial soit rapidement assaini.
Test réalisé à partir d’une version Xbox Series fournie par l’éditeur.