Enter the Blue Prince (46 Chambers)
Simon vient d’hĂ©riter de l’impressionnant manoir de son grand-père, nichĂ© dans les profondeurs du mystĂ©rieux Mont Holly. Cependant, pour en prendre pleinement possession, il doit relever un dĂ©fi de taille: atteindre la lĂ©gendaire 46e salle de ce vaste domaine.

Mais cet hĂ©ritage est encadrĂ© par des règles strictes. Rien ne peut ĂŞtre apportĂ© de l’extĂ©rieur pour faciliter l’exploration, et celle-ci doit impĂ©rativement s’interrompre Ă la tombĂ©e de la nuit. Enfin, tout objet trouvĂ© au sein du manoir doit y rester, ancrĂ© dans le passĂ© de cette demeure Ă©nigmatique.

Ă€ l’instar de grands jeux tels qu’Elden Ring ou Outer Wilds, Blue Prince mise sur l’intelligence et la curiositĂ© de ses joueurs en les encourageant Ă dĂ©couvrir par eux-mĂŞmes la plupart de ses mĂ©caniques sans leur prendre la main. L’aventure commence dans le hall d’entrĂ©e, vu Ă la première personne, oĂą une lettre de votre grand-père vous rappelle les règles simples Ă suivre. Ă€ ses cĂ´tĂ©s se trouve une carte intrigante, prĂŞte Ă guider vos pas dans l’exploration.

Cette carte, un vĂ©ritable “blueprint”, se prĂ©sente sous la forme d’un plan dĂ©taillĂ© quadrillĂ©. En bas, le hall d’entrĂ©e, votre point de dĂ©part, et tout en haut, la fameuse antichambre que vous devez atteindre. Un clin d’Ĺ“il subtil se cache d’ailleurs dans le nom mĂŞme du jeu : Blueprint / Blue Prince, vous l’avez ?

Chaque fois que vous ouvrez une porte, vous devrez choisir entre trois pièces diffĂ©rentes, ajoutant une dimension stratĂ©gique Ă l’exploration. Le manoir de Blue Prince se distingue par son caractère changeant, offrant une configuration unique Ă chaque partie. Chacune de ces salles possède des caractĂ©ristiques spĂ©cifiques, parmi lesquelles le nombre de portes disponibles est un Ă©lĂ©ment crucial : une impasse pourrait stopper net votre progression. En parallèle, chaque pièce offre son lot d’avantages et d’inconvĂ©nients qu’il vous faudra soigneusement Ă©valuer.
Un aspect clé du jeu réside dans votre réserve de pas quotidienne, limitée à 50 par défaut. Chaque déplacement dans une salle consomme un pas, et une fois cette limite atteinte, vous devrez recommencer un nouveau run. Heureusement, divers objets et les particularités de certaines pièces peuvent vous aider à dépasser cette contrainte, permettant une exploration plus poussée du mystérieux manoir.

Certaines salles du manoir nĂ©cessitent des objets spĂ©cifiques pour ĂŞtre accessibles, tels que des clĂ©s, des gemmes ou des cartes magnĂ©tiques. Leur utilisation judicieuse sera essentielle, mettant votre sens stratĂ©gique Ă l’Ă©preuve afin d’Ă©viter des dĂ©penses inutiles. Ă€ l’intĂ©rieur, d’autres pièces dĂ©voilent des Ă©nigmes captivantes, offrant la possibilitĂ© de rĂ©cupĂ©rer des ressources prĂ©cieuses (comme des clĂ©s et des gemmes), des outils indispensables (tel qu’un dĂ©tecteur de mĂ©taux, une pelle, une loupe, …), ou encore des fragments d’informations. Chaque Ă©lĂ©ment dĂ©couvert vous rapprochera un peu plus des secrets enfouis de la maison, qui renferme une histoire familiale riche et complexe. Ă€ travers des lettres, des articles ou des messages, vous lèverez le voile sur ces mystères.

Les puzzles de Blue Prince commencent de manière relativement simple, permettant aux joueurs de se familiariser avec les mécaniques du jeu. Mais ne vous laissez pas tromper par cette apparente facilité : ils gagnent rapidement en complexité à mesure que vous progressez. Fidèle à son ADN de rogue-like, le jeu vous confrontera à des énigmes déjà rencontrées au fil de vos différentes tentatives. Cependant, pour éviter toute monotonie, ces puzzles évoluent et se complexifient subtilement pour maintenir votre réflexion en éveil. Un conseil: gardez un carnet à portée de main pour noter vos découvertes et observations. Ces écrits vous seront d’une aide précieuse face aux casse-têtes les plus coriaces. N’espérez pas atteindre la 46e chambre dès votre premier essai. Blue Prince est un jeu qui récompense la persévérance et l’apprentissage progressif. À chaque run, vous accumulez des connaissances et débloquez des améliorations qui vous rapprocheront, pas à pas, de votre objectif ultime

Les premières heures de Blue Prince peuvent sembler un peu lentes, mais elles posent les bases d’une expĂ©rience profondĂ©ment rĂ©flĂ©chie. Très vite, on comprend qu’il est toujours prĂ©fĂ©rable de privilĂ©gier l’apprentissage de nouvelles mĂ©caniques ou informations, mĂŞme si cela implique de mettre fin prĂ©maturĂ©ment Ă sa journĂ©e et de temporairement freiner sa progression. Chaque Ă©lĂ©ment du jeu est mĂ©ticuleusement Ă©laborĂ©, avec une prĂ©cision qui Ă©voque presque l’artisanat. Ă€ travers une approche subtile, le jeu dĂ©voile progressivement astuces, indices et rĂ©vĂ©lations, nourrissant Ă la fois votre avancĂ©e et l’enrichissement de son lore captivant.

Blue Prince est avant tout le fruit de la vision d’un homme, Tonda Ros. Réalisateur devenu développeur, il a consacré huit années passionnées à ce projet monumental, s’entourant progressivement d’une équipe pour lui donner vie. Ros a déclaré s’être inspiré du fascinant ouvrage Maze de Christopher Manson, publié en 1985. Ce livre unique en son genre présente chaque page comme une pièce d’un labyrinthe, avec pour objectif d’atteindre la chambre 45 (la page 45) et de revenir ensuite à la pièce n°1 en seulement seize étapes. L’influence de cette œuvre est clairement perceptible dans Blue Prince, renforçant son ambiance énigmatique et immersive. Fait intéressant, Tonda Ros a même collaboré avec Christopher Manson lui-même pour concevoir certains des puzzles du jeu, ajoutant une dimension authentique et captivante à l’expérience.
Tout n’est pas parfait. L’aspect rogue-like peut se rĂ©vĂ©ler particulièrement frustrant, surtout lorsque vous ĂŞtes sur le point d’atteindre votre objectif, mais qu’il vous manque un levier crucial pour activer une porte, vous obligeant ainsi Ă relancer une nouvelle partie. De plus, certains joueurs pourraient ĂŞtre déçus par l’équilibre entre la part de hasard et les puzzles, qui ne conviendra pas Ă tous les profils de joueurs. Enfin, il peut ĂŞtre parfois fastidieux de revenir sur ses pas dans le jeu.

Blue Prince m’a pris par surprise, car le coeur de son gameplay est celui d’un jeu de cartes rogue-like. Bien sĂ»r, il comporte une large part de puzzle et d’exploration. Pourtant, au cĹ“ur de l’expĂ©rience, le principe reste de “tirer” des cartes apparues au hasard. D’ailleurs, le jeu joue subtilement sur le double sens du terme “draft”, Ă la fois pour dĂ©signer l’action de tirer une carte et celle de rĂ©diger un plan (il faurdra d’ailleurs un niveau minimum de connaissance en anglais le jeu n’Ă©tant pas traduit) . Ce type de gameplay me rebute habituellement, mĂŞme si j’ai apprĂ©ciĂ© quelques pĂ©pites du genre, comme Slay the Spire. Et pourtant, Blue Prince parvient Ă dĂ©jouer mes rĂ©ticences envers l’alĂ©atoire. Ă€ chaque tentative, il rĂ©ussit l’exploit de me faire progresser, presque sans exception. Une mĂ©canique bien dosĂ©e qui transforme l’imprĂ©vu en vĂ©ritable moteur d’exploration et de rĂ©flexion.

Blue Prince propose une expĂ©rience captivante, mĂŞlant habilement mystère, stratĂ©gie et puzzles. Disponible sur PC, Xbox Series et PS5, ce jeu sĂ©duira les amateurs d’aventure et de rĂ©flexion. Un must-have pour tout ceux qui ne sont pas totalement rebutĂ©s par les rogue-like.
Test réalisé à partir d’une version PC fournie sur l’éditeur.