La pluie s’abattait sur les pavés crasseux de la ville (ma charmante petite bourgade), comme si le ciel lui-même pleurait. J’étais assis dans mon bureau miteux (ndlr: c’est pour l’effet dramatique, il a juste besoin d’un peu de rangement), un verre de bourbon à la main (oui bon un Perrier), à contempler le presskit de Critical Hit Games le studio en charge de Nobody Wants to Die.
Oui je me suis un peu trop immergé dans ce premier jeu de ce studio polonais. Vous y incarnez James Karra, un détective désabusé, hanté par la perte de sa femme. Accompagné par sa collègue Sara, qui lui murmure des conseils dans l’oreillette, James doit mener une enquête sur de terribles meurtres, avec des morts définitives ce qui est choquant en 2329, dans ce New York où les néons géants illuminent les rues et les voitures volantes sillonnent le ciel. En effet, l’humanité a enfin percé le secret de l’immortalité: transférer sa conscience d’un corps à un autre.
Mais cela a un coût, je veux dire littéralement, en effet ce monde futuriste a atteint de nouveaux sommets de libéralisme débridé et il faut payer pour transformer sa conscience dans un nouveaux corps, ainsi l’élite achète les corps de ceux moins fortunés, condamnés à une existence précaire. Cela ne manquera pas d’évoquer les romans postcyberpunk de Richard Morgan et surtout les aventures de Takeshi Kovacs qui change régulièrement de corps (il y a même une série netflix).
Ce transfert d’esprit se fait grâce à l’utilisation de l’ichorite, un élément inspiré de la mythologie grecque (l’ichor étant le sang des dieux), qui ajoute une dimension mystique à ce monde. Les riches, littéralement élevés à un niveau supérieur où l’air est plus pur, vivent dans un pseudo-Olympe. Le dirigeable en flammes, baptisé l’Icarius, et le système de transport de colis nommé Herm (en hommage à Hermès, le messager des dieux), renforcent cette ambiance mythologique.
L’esthétique du jeu est résolument néo-noir, évoquant les polars des années 1940 à 1960. James, notre héros, est un amateur de ces films, et l’atmosphère sombre et envoûtante s’en ressent.
La narration s’inspire des maîtres du roman noir tels que Dashiel Hammett, Raymond Chandler ou Jim Thompson, avec leurs héros hard-boiled. Cependant, Nobody Wants to Die fait un choix entre les deux approches classiques : entre “hammettien » ou « chandlerien », il opte pour une vision à la Marlow, où le monde est corrompu et où chaque action semble vaine pour le changer.
Le jeu explore en outre les problèmes de l’immortalité, des difficultés physiques liées à l’utilisation du corps d’un inconnu et des psychoses induites par une existence prolongée et les multiples changements de peau.
Le gameplay de Nobody Wants to Die repose sur un gadget intrigant : la capacité de remonter dans le temps, du moins sur la scène de crime. James utilise cette technologie pour découvrir des preuves et reconstituer les meurtres.
Il utilise aussi d’autres outils pour résoudre les énigmes : Lampe à UV, appareil photo, machine à rayons X. Cela vous permettra de déceler traces et autres indices qui permettront d’utiliser l’appareil à reconstitution temporel.
Un autre élément de gameplay intéressant réside dans l’utilisation de l’analyse de liens, une technique bien connue des films policiers. Imaginez un détective qui relie des images avec des ficelles pour déterminer les connexions entre un individu, une date ou un événement. Dans Nobody Wants to Die, James, notre protagoniste, exploite cette méthode en utilisant une projection en réalité augmentée sur le sol. Grâce à cette technologie, il peut relier les indices accumulés et ainsi faire progresser l’enquête. Cependant, soyez vigilant et éliminez les hypothèses trop hasardeuses pour éviter de vous égarer.
Du point de vue graphique, le jeu est somptueux, avec des décors superbes imprégnés d’une touche à la fois art déco et science-fiction old-school. Nobody Wants to Die affiche clairement un côté rétro-futuriste, notamment avec ses voitures volantes qui rappellent les véhicules d’après la Seconde Guerre mondiale, du type Packard ou Chrysler. L’ambiance musicale, orchestrée par Mikolai Stroinski, est particulièrement bien adaptée et semble tout droit sortie d’un film mettant en scène Humphrey Bogart et Lauren Bacall. Stroinski est connu pour sa participation aux bandes originales de jeux tels que The Witcher 3: Wild Hunt, mais aussi pour son travail sur Age of Empires IV et Diablo Immortal.
Les grincheux diront que le jeu se résume souvent à appuyer sur des boutons pour déclencher des dialogues et qu’on reste assez proche de ce qui était appelé parfois avec dédain les “Walking Simulator”. Cependant, cela ne m’a pas gêné outre mesure. Un autre élément qui pourrait en rebuter certains, c’est que le jeu est assez court, comptez 5 à 6 heures. Pourtant, cette durée m’a paru parfaite pour maintenir le suspense tout au long de l’aventure et éviter les répétitions.
En somme une chose était sûre : dans ce New York futuriste, personne n’était à l’abri. Pas même moi. Et personne ne voulait mourir, mais tout le monde y passait. ..oups pardon ça me reprend…Nobody Wants to Die est un roman noir interactif qui mêle enquête, technologie et suspense. Si vous cherchez une expérience immersive dans un futur dystopique, ce jeu pourrait bien vous captiver. Le jeu est disponible sur PC, PS5 et Xbox Series.
Test réalisé à partir d’une version PS5 fournie par l’éditeur.